Créé en 2006, par l’association « le petit lecteur d’Oran », le festival de contes d’Oran fête ses 10 ans en 2016. C’est l’occasion de réunir ses principaux acteurs et de prendre du recul pour réfléchir au sens et aux orientations à venir.
Un programme varié : des contes d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui
Tous les ans, au mois de mars, l’oralité est à l’honneur dans une trentaine de lieux pour nourrir les oreilles des Oranais, petits et grands, de rêves, anecdotes, farces et autres histoires. Cette fête de la parole convoque tous les styles : de la farce au fantastique, de l’épique au quotidien, des récits de vie aux contes traditionnels… De même, au fil des ans, le festival a élargi l’origine des conteurs. D’abord, des conteurs d’Algérie et de Méditerranée, puis des conteurs d’Afrique et d’Amérique latine. Beaucoup d’histoires sont racontées dans l’une des trois langues pratiquées en Algérie, arabe, tamazigh et français, mais d’autres langues ou dialectes sont invitées à s’exprimer. Pour Zoubida Kouti, « Il n’est pas nécessaire de comprendre la langue. Le message des contes se transmet souvent au-delà des mots ».
Une rencontre populaire aux mille et une scènes
Tels des troubadours, les conteurs viennent porter leur parole dans des lieux connus ou insolites : écoles, centres culturels, associations, cafés, mais aussi tramways ou le temps d’une balade contée. Le festival ancre la pratique du conte au plus près des publics, dans différents quartiers de la ville : spectacles en plein air comme le long de la promenade de l’Etang ou dans le jardin de la Roseraie, plus intimes, comme dans les bains turcs de Sidi El Houari, en plein cœur du quartier plus populaire d’Oran, ou dans des espaces publics comme le Conservatoire Ahmed Wahbi ou les centres culturels communaux… Certaines propositions sont devenues incontournables : le rendez-vous du jeune public au théâtre régional d’Oran Abdelkader Alloula, la nuit du conte à l’Institut français et la promenade contée au jardin Ibn Badis, rencontrent un vif succès.
La parole se propage grâce à la complicité de nombreux partenaires locaux, associatifs et institutionnels : associations de femmes, associations socio-culturelles, centres de formation, diocèse d’Oran… sans oublier le partenaire de toujours : l’association Bel Horizon… Autant d’énergies mises au service d’un même objectif : la rencontre avec le public. L’association est aussi soutenue par des acteurs publics tels que l’Assemblée populaire communale d’Oran. La Mairie d’Oran, en présence du Maire, a organisé l’accueil des conteurs venus d’ailleurs par les conteurs algériens. L’Institut Français d’Oran contribue à la programmation de la nuit du conte, le COBIAC soutient le festival par l’envoi de conteurs et assure un suivi de la direction artistique et de l’organisation.
L’art de raconter, un art citoyen à partager
Au delà des différences de style, de langue et culture, les messages se rejoignent autour de valeurs de tolérance et de paix. En 2014, le festival intitulé « Le conte, à la croisée des cultures » célébrait la diversité des contes et des histoires inventés par l’homme. En 2015, comme pied de nez à l’actualité, Djoha, Shéhérazade, Grimm, Amrouche et bien d’autres étaient venus proclamer des valeurs de paix et de vivre ensemble en s’interrogeant sur la multiplicité des réponses à inventer. Un hommage spécial était rendu aux femmes et à Assia Djebar, en particulier, grande figure de la littérature algérienne.
De par la diversité des intervenants, le festival témoigne avec simplicité de l’universalité de la malice, de la générosité et de la sagesse : « elles ne connaissent pas les frontières de couleurs ou de statut social ».
C’est aussi dans un souci de citoyenneté et de partage que l’association mène des actions de transmission. Pour l’équipe, il s’agit d’abord de faire promouvoir le conte en Algérie car trop souvent, sous prétexte qu’il convoque l’oralité, il est encore considéré avec un certain mépris comme une pratique réservée à la sphère privée. L’association souhaite faire du conte un art à part entière, ce qui suppose une reconnaissance des savoir-faire. C’est pourquoi, elle intègre dans le festival, des stages pour former de jeunes conteurs algériens, qui participent ensuite à la programmation. Dans cet objectif, Le Petit lecteur a fondé en 2014 une « Maison du conte » et souhaite mettre en place un centre de ressource en littérature jeunesse et littérature orale au Maghreb, au Machrek et en Afrique.
Contact :
Zoubida Kouti,
Présidente du petit lecteur
Consultante en ingénierie de projet culturel
petitlecteur2002@yahoo.fr