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Actualités

Lena Merhej et Samandal

La BD en mouvement dans le monde arabe

Dédicace Léna 4Raconter des histoires avec des bulles

Après des études d’art et de graphisme, Lena Merhej illustre de nombreux albums pour enfants. A partir de 2005, elle investit l’univers de la BD, « par envie de raconter des histoires ». Dans son premier album, « J’espère qu’à la prochaine guerre, on sera plus calme », publié en 2006, l’artiste rassemble des souvenirs personnels en une sorte de mode d’emploi humoristique face à l’absurdité de la guerre. Ses albums BD Kamen Sine et Laban et confiture ont reçu le prix du meilleur album au Festival international de la BD d’Alger, en 2009 et en 2013.

Samandal, une revue phare

En 2007, elle fonde avec trois artistes la revue de BD trilingue et collective, « Samandal » (La Salamandre), l’une des premières revues de BD du monde arabe et troisième initiative  dans ce pays. Progressivement la revue s’internationalise, avec la participation de bédéistes arabes ou européens. Au départ trimestrielle, la revue est devenue annuelle  avec un thème central tel que Géographie parue en 2015. Mais le septième numéro paru en 2009 consacré à la vengeance a fait naître une polémique autour de dessins mal interprétés par des autorités religieuses catholiques du pays. Le jugement définitif prononcé cet été 2015 condamne la revue à une forte amende qui la met en péril. La mobilisation du collectif et l’appel à solidarité par le financement participatif laisse espérer la survie de Samandal et de ses projets éditoriaux.

Ce n’est pas la première fois que la BD arabe est touchée par la censure : la BD Métro de Magdy al-Shafee, en Egypte, en 2005, AbdelAziz Mouride au Maroc… Au Liban, Lena explique la condamnation de Samandal par une sensibilité religieuse forte de la société. Elle souhaite rester optimiste malgré tout «  il ne faut pas que les jeunes créateurs se découragent. Certes, il est difficile de vivre de sa production dans le monde arabe, mais avec de la passion, du travail, et de l’entraide, on peut produire de belles choses ».

Un mouvement créatif qui s’affirme

Comme partout dans le monde, la bande dessinée arabe était d’abord destinée au lectorat enfant, au travers de revues pionnières comme al-Saheb ou Dubia ak-Ahdath au Liban ou Sindbad en Egypte… Progressivement, ce mode d’expression s’est adressé aux adultes, d’abord via des petites histoires dans les journaux, des caricatures, puis par le biais de fanzines. Aujourd’hui, la BD libanaise est en plein essor. Cependant, pour Lena, le lectorat de la BD arabe pour adulte s’adresse surtout à des initiés : des étudiants ou des artistes. Cela s’explique en partie par le manque de maisons d’éditions et de diffuseurs du monde arabe prêts à s’investir pour faire connaître ces créations, plus largement.

Face à ce défi économique, beaucoup d’artistes se rassemblent en collectifs et font appel à un esprit de débrouillardise, comme lors de la résidence organisée fin novembre 2015 à la MACBA, par le commissaire d’exposition Salah Malouli. Les quatre dessinateurs invités, Lena Merhej (Samandal, Liban), Mehdi Annassi (Skefkef, Maroc), Noha Habaieb (Lab619, Tunisie) et Shennawy (Toktok, Egypte) ont profité de cette occasion pour partager leurs expériences respectives et publier une BD collective, une sorte de guide pour jeunes artistes : 30 pages le long du parcours d’une BD : création, production, impression, distribution…

Pour en savoir plus :

-       Deux article de takam tikou :

-      Orient XXI : Vers l’émergence d’une scène BD arabe ?

-       Un monde arabe pas vraiment comix 1/2 : engagez vous pour la BD libanaise !

-       Un monde arabe pas vraiment comix 2/2 : l’usage de la vie.