Durant l’été 2011, l’Alliance Internationale des Éditeurs Indépendants à mis en ligne une étude inédite autour de l’édition numérique dans les pays en développement. L’organisation a demandé à Octavio Kulesz, philosophe argentin, éditeur “traditionnel” passé au “numérique” avec une nouvelle maison d’édition, de conduire une étude sur les perspectives de l’édition numérique dans les pays en développement. Ce rapport est accessible en ligne dans plusieurs langues : anglais, français, espagnol.
Au delà de la grande diversité des situations, selon les zones géographiques, le rapport fait apparaître un besoin commun d’accès à l’information et à la culture.
Quelques enseignements concernant le monde arabe
Il consacre notamment un chapitre important à la situation du livre numérique dans le monde arabe. Dans cette région, le support numérique pourrait constituer une opportunité pour dépasser la fragmentation et la segmentation des systèmes de distribution, maillon faible de la chaîne du livre. Certaines plateformes en ligne commerciales (Arabic e-book, Kotobarabia) et non commerciale (Nashiri) ont ainsi commencé à investir dans le livre numérique.
Mais cette conversion numérique suppose que les éditeurs acceptent de prendre le risque de l’expérimentation, autour des outils, formats et supports. En effet, il est difficile d’imaginer dans un futur proche une importation du modèle de lecture numérique tel qu’il se développe dans les pays développés. Des particularités telles que les difficultés rencontrées dans la numérisation de l’écriture arabe, le manque de solvabilité de la demande pour des outils de lecture numérique, et le manque de développement des moyens de paiement bancaire suppose le développement d’un modèle propre.
Il semble que la téléphonie mobile soit l’infrastructure à privilégier pour développer la lecture numérique, autant pour des raisons de système de commerce électronique que pour des raisons de taux d’équipement des populations. Étant donné le manque d’investissement public dans la recherche et développement, l’expérimentation pourrait venir des organismes de formation et de networking professionnel qui travaillent déjà sur le sujet (CAFED, KITAB, Salon du livre d’Abu Dhabi).
Cette nouvelle offre devrait rencontrer une vraie demande. En effet, les jeunes générations semblent prêtes à adopter de nouvelles pratiques numérique. L’impression à la demande pourrait aussi jouer un rôle important.