Logo © Le Petit Lecteur d’Oran
Fondée en 1993, peu après la mise en place de la liberté associative, l’association « Le Petit Lecteur d’Oran » œuvre pour la promotion de la lecture jeunesse. Dans le contexte de montée du fondamentalisme au début des années 1990 en Algérie, l’association est née du désir de parents préoccupés par l’offre de livres pour leurs enfants. Il s’agissait de faire découvrir aux enfants « la lecture plaisir », comme alternative aux seules « lectures scolaires ou religieuses».
Dès sa création, le Petit Lecteur a organisé l’itinérance de valises de livres dans les écoles et les quartiers en s’appuyant sur les associations locales, celles des parents d’élèves et les personnes ressources comme les éducateurs, enseignants, psychologues. Aujourd’hui, la bibliothèque jeunesse du Petit Lecteur, située dans le centre ville d’Oran, compte 750 enfants inscrits et plus de 15.000 ouvrages en langue arabe et en français provenant de dons ou d’acquisitions.
Depuis sa création, l’association a connu plusieurs grandes périodes, en développant son activité autour d’actions phare.
Les années militantes
Espace lecture © Le Petit Lecteur d’Oran
La première période, durant les années 1990, a été marquée fortement par l’engagement et le militantisme de ses membres. Durant la décennie noire, le gouvernement soutenait essentiellement les organisations sportives et caritatives. Dans ce contexte de repli, de fermeture et d’absence de subvention, l’activité du Petit Lecteur mobilisait de nombreux bénévoles, qui donnaient de leur temps et prêtaient leurs propres livres. La première action phare de l’association a été l’organisation d’un concours de dessin au niveau national, en 1994, intitulé « Tu veux lire ? Tu aimes lire ? Dis le moi avec un dessin ! » pour faire connaitre l’association et impulser une dynamique autour de la lecture. L’association avait alors reçu plus de 750 dessins venant de toute l’Algérie, lorsque le président du jury, feu Abdel Kader Alloula, a été assassiné une semaine avant la réunion de sélection. Malgré le choc et le départ de plusieurs personnes, l’association a continué son activité. Elle a obtenu son premier espace de lecture en 1994 en partenariat avec la bibliothèque régionale de la commune d’Oran et a pu, grâce à une petite subvention obtenue en 1995, constituer son premier stock de livre. De même en 1997, l’association a lancé un concours : « Écrire pour les enfants », dans le but d’encourager la création algérienne pour la littérature jeunesse. Cinq histoires, parmi les cinquante manuscrits reçus, avaient alors été primées.
Le conte au cœur du projet
Kamel Zouaoui © Institut Français d’Oran
La deuxième période, depuis le début des années 2000, a permis le développement et la diversification des projets culturels liés au livre. Par exemple, pour célébrer le renouvellement culturel en Algérie, l’association a organisé en 2000, un salon international du livre, intitulé « quelle lecture pour l’an 2000 ? » et parrainé par Mohamed Dib. Durant 14 jours, ce salon a accueilli un public nombreux venu d’Oran et des environs, dans une ambiance conviviale. L’année 2003 a aussi été marquée par de nouveaux financements, venus de l’Union Européenne, avec le programme « ONG 1 », et qui ont permis de professionnaliser l’équipe et de développer de nouvelles actions et notamment la création d’une bibliothèque jeunesse propre à l’association le petit lecteur.
Ainsi, en 2006, l’association a initié un festival de conte annuel qui organisera en 2016 sa dixième édition regroupant des conteurs au niveau international, venant partager leurs histoires dans différentes langues.
Pour Zoubida Kouti, membre fondatrice et actuellement présidente : « au delà du moment festif, de partage et d’échange, le festival soulève la question de l’oralité, de la mémoire, de la collecte… Alors que l’art du conte souffre d’un manque de reconnaissance en Algérie, on constate tous les ans des réactions de surprise et d’émerveillement du public ».
Partager et diffuser
Enfin, depuis quelques années, la Petit Lecteur vit une 3ème phase, avec la mise en place d’actions de transmission. Dans une démarche partenariale avec les pouvoirs publics, l’association souhaite partager son expérience pour promouvoir une politique de lecture publique qui démocratise le rapport au livre. Dans cette optique, elle a initié en 2008 le réseau libris, qui regroupe environ 20 bibliothèques et centres documentaires associatifs, créés ou en cours au niveau national et 17 bibliothèques des centres culturels communaux. Dans ce cadre, des actions de formation et d’échange qui ont été menées pendant deux ans à titre expérimental sont concluantes et pourraient reprendre dans un cadre plus formel. De même, le Petit lecteur a été sollicité par plusieurs structures dans d’autres wilayas, à Saïda, Sidi Bel Abbes, Bouira et Aïn Sefra pour les aider à structurer leur projet de bibliothèque jeunesse.
Enfin, l’association réfléchit à la mise en place d’un centre de ressource en littérature jeunesse et littérature orale au Maghreb, au Machrek et en Afrique, domicilié à la Maison du conte, mise en place en 2014, dédiée à la promotion du conte comme art à part entière.
Contact :
Zoubida Kouti,
Présidente du petit lecteur
Consultante en ingénierie de projet culturel
petitlecteur2002@yahoo.fr
